L'ostéoporose
en dix questions
Leïth
Zakraoui, Catherine Dziri, Abderrazek Hila,
Ahmed Laatar, Rafak Triki
Sommaire:
Introduction
1
Qu'est
ce que l'ostéoporose?
2
Quelle
est l'ampleur du problème ?
3
Comment
se constitue l'ostéoporose ?
5
Quelles
sont les conséquences de l'ostéoporose ?
7
Quelle
est la place de l'ostéodensitomètrie ?
8
Quelles
sont les autres explorations utiles ?
11
Quelles
sont les principales causes d'ostéoporose ?
12
Qui
est à risque de développer une ostéoporose ?
13
Comment
prévenir l'ostéoporose ?
14
Comment traiter l'ostéoporose ? 16
Introduction:
De
par le monde, le vieillissement de la population se confirme et s'accentue.
Parmi les conséquences patentes de ce phénomène démographique
l'ostéoporose constitue une maladie dite émergente.
Elle constitue, et de loin, la maladie osseuse la plus fréquente.
Elle reste longtemps cliniquement latente et se manifeste le plus souvent
par sa complication majeure : la fracture.
Ceci conduit à parler d'une véritable épidémie
silencieuse.
La
reconnaissance précoce de cette maladie est, depuis quelques années, possible
grâce à la densitométrie osseuse. Cet
outil diagnostique a changé la face de l'ostéoporose dont la définition
repose, depuis que l'OMS en 1994 a établi une nouvelle classification, sur la
mesure de la densité minérale osseuse.
Les
conséquences de l'ostéoporose, représentées par les fractures (en
particulier celle de l'extrémité supérieure du fémur), sont considérables.
Ceci est dû aux formidables coûts de santé, à l'altération de la
qualité de vie et à la mortalité importante qu’induisent les fractures
ostéoporotiques.
Heureusement, l'ostéoporose ne constitue plus une fatalité. Des moyens de prévention primaire constituent désormais un arsenal thérapeutique efficace et permettent d'espérer une victoire sur ce fléau.
De
même, des progrès indéniables ont été réalisés par la mise au point de
nouvelles familles de médicaments permettant une action curative sur
l'ostéoporose constituée.
Qu'est
ce que l'ostéoporose ?
L'ostéoporose,
affection squelettique générale, se définit comme une maladie caractérisée
par une diminution de la masse osseuse et par une détérioration de la
microarchitecture du tissu osseux conduisant à une fragilité osseuse accrue et
à une augmentation secondaire du risque fracturaire.
Celui-ci porte essentiellement sur les vertèbres, les poignets et les
cols fémoraux.
Il
y a plusieurs causes à l'ostéoporose. La
plus fréquente d'entre elles est la perte de la masse osseuse qui se produit
après la ménopause et qui est elle-même dûe, comme nous le détaillerons
plus loin, à la carence en œstrogènes. L'ostéoporose
peut également être secondaire à certaines maladies ou à certains
traitements médicamenteux.
L'ostéoporose
touche surtout la femme. L'homme
est deux à trois fois moins atteint que la femme par cette maladie.
La
maladie reste longtemps asymptomatique. Malheureusement,
le diagnostic d'ostéoporose est souvent fait tardivement, c'est à dire à
l'occasion d'une fracture qui traduit une fragilité osseuse importante
correspondant à un stade avancé de la maladie.
Heureusement,
il est désormais possible de porter le diagnostic d'ostéoporose avant qu'elle
ne se complique, grâce à la mesure de la densité minérale osseuse (DMO).
Une
corrélation positive entre la DMO et le risque fracturaire est établie et est
souvent comparée à celle qui existe entre les chiffres de la tension artérielle
et le risque de survenue d'un accident vasculaire cérébral ou encore entre le
taux de cholestérol sérique et l'infarctus du myocarde.
Quelle
est l'ampleur du problème ?
L'augmentation
de l'espérance du vie a fait émerger l'ostéoporose comme un problème de santé
publique, qui implique de lourdes conséquences médicales, économiques et
sociales.
Voici
quelques chiffres qui illustrent l'ampleur de ce problème:
-
Aux
Etats Unis, on estime actuellement, en utilisant les critères de l'OMS, que
plus d'une femme blanche ménopausée sur deux est ostéopénique et que près
d'une femme blanche ménopausée sur trois est ostéoporotique.
-
Au
cours des 50 dernières années, la fréquence des fractures a augmenté, en
Europe et en Amérique du Nord, plus que ne le voudrait le simple vieillissement
de la population. Entre 1950 et
1987, la fréquence des fractures ostéoporotiques, ajustée sur l'âge, a doublé
chez les suédoises.
-
On
prévoit que près d'une femme blanche sur deux présentera, au cours de sa vie,
une fracture ostéoporotique et que cent pour cent des femmes de plus de 90 ans
auront au moins une fracture vertébrale ostéoporotique.
La
complication la plus redoutable de l'ostéoporose est représentée par la
fracture de l'extrémité supérieure du fémur.
-
Les
sujets atteints de fracture du col du fémur occupent 20% des lits d'orthopédie
en Grande Bretagne.
-
Le
taux de la mortalité, à un an, par fracture du col du fémur est situé entre
10 et 20%.
-
Seul
un malade sur trois retrouvera une autonomie fonctionnelle après cet accident.
En
l’absence d'une stratégie efficace, les prévisions suscitent de grandes
inquiétudes puisqu'aux Etats Unis:
-
On
s'attend à un triplement du nombre de fractures de hanche d’ici à 2040.
-
Il
convient de souligner, qu'entre 1990 et 2050, le nombre des personnes âgées de
plus de 65 ans devrait passer, dans ce pays, de 32 à 69 millions et celui des
plus de 85 ans de 3 à 15 millions.
-
Dans le monde, on estime qu'une fracture de hanche survient toutes les 20
secondes. Cette fréquence sera
amenée à l'avenir à augmenter et on considère que l'augmentation la plus
nette se produira dans les pays en voie de développement.
L'impact
économique de l'ostéoporose est majeur.
-
En
1995 aux Etats Unis, les dépenses médicales directes liées aux fractures ostéoporotiques
se sont élevées à 14 milliards de dollars.
-
En
France en 1992, la dépenses annuelles de santé dues à l'ostéoporose ont été
estimées à 6 milliards de francs.
A
ces chiffres, il convient d'ajouter les coûts indirects (réduction de
l'activité, pertes de revenus etc.).
Les
conséquences psychologiques en rapport avec l'anxiété et la dépression
induites notamment par les douleurs, la perte d'autonomie et la dépendance
qu'elle engendre sont également considérables.
Comment
se constitue l'ostéoporose ?
L'os
est un tissu vivant. Il est en perpétuel
remaniement. Deux types de cellules
assurent des fonctions opposées et coordonnées.
Les ostéoclastes détruisent le tissu osseux (ostéorésorption) alors
que les ostéoblastes édifient le nouvel os et réparent les lacunes récemment
résorbées (ostéoformation). L'ensemble
de ces phénomènes constitue le remodelage osseux.
L'équilibre
est assuré par plusieurs facteurs. Parmi
ceux-ci les hormones (en particulier les œstrogènes) jouent un rôle déterminant.
Toutes
les maladies osseuses sont dues à un dysfonctionnement pathologique du
remodelage osseux.
Au
cours des dernières années, des progrès considérables ont été réalisés
dans la compréhension des mécanismes qui aboutissent à l'ostéoporose.
Les
modifications observées au cours de cette maladie sont
schématiquement de deux types :
-
baisse de la masse osseuse, les mécanismes de destruction osseuse l'emportant
sur ceux de la construction
- et les changements spécifiques dans la microarchitecture osseuse
La masse
osseuse globale atteint son maximum environ 10 ans après la fin de la
croissance (pic de masse osseuse ou peak
bone mass) et commence à décliner, après une phase en plateau, pendant la
quatrième décennie. Elle diminue
de la moitié de sa valeur maximale vers l'âge de 80 ans.
Le pic de masse osseuse, qui est atteint à la trentaine, est moins élevé
chez les femmes que chez les hommes.
Les femmes présentent une accélération de leur perte osseuse dans les années qui suivent la ménopause. On estime que la moitié de la perte osseuse, chez elles, est due à l'arrêt de la fonction ovarienne et l'autre moitié au vieillissement.
L'os du
squelette adulte est constitué d'os cortical (ou compact) et d'os spongieux (ou
trabéculaire). Les proportions
d'os cortical et spongieux varient selon le site squelettique où se produisent
les fractures ostéoporotiques les plus fréquentes. L'os spongieux est prédominant
au rachis lombaire, alors qu'il ne représente que la moitié de la zone
intertrochantérienne du fémur et uniquement 25% du col fémoral.
Il est par
ailleurs démontré que l'os cortical et l'os spongieux n'évoluent pas de la même
manière avec l'âge. Ces phénomènes
expliquent les différences de l'âge de survenue des fractures ostéoporotiques
selon les sites (vertèbres, fémur…).
D'autres
paramètres influencent l'intégrité du squelette: la sénescence des cellules
osseuses, l'alimentation, les facteurs génétiques et environnementaux…
Hormis la
masse osseuse, la genèse des fractures ostéoporotiques fait également
intervenir:
-
la géométrie du col fémoral, qui joue un rôle dans la résistance mécanique
de ce segment et constitue un élément prédictif des fractures de l'extrémité
supérieure du fémur.
- Les altérations neuromusculaires et de l'équilibre postural, ainsi
que celles de la vue participent à l'accroissement du risque de chutes.
Quelles
sont les conséquences cliniques de
l'ostéoporose?
En
l'absence de dépistage précoce des patients à risque, l'ostéoporose ne se révèle
qu'au stade de complications fracturaires. Les sites habituels des fractures ostéoporotiques sont le
poignet, la colonne vertébrale et plus tardivement, le col fémoral.
La fracture
du poignet est très commune chez la femme. Elle nécessite habituellement une réduction orthopédique
et une immobilisation plâtrée de plusieurs semaines.
Les complications ne sont pas rares (algodystrophie, raideur résiduelle…)
et la récupération fonctionnelle est souvent incomplète.
La fracture
vertébrale (par tassement partiel ou total) est la fracture ostéoporotique
la plus fréquente. Elle peut
survenir même en l'absence de traumatisme important.
Elle engendre habituellement des rachialgies intenses qui durent de
quelques jours à quelques semaines avant de s'atténuer pour laisser des
douleurs mécaniques chroniques. Tout nouveau tassement entraîne une recrudescence des
douleurs obligeant souvent l'alitement. Plus
rarement les tassements peuvent être insidieux et ne se manifester que par la
perte de taille et la cyphose dorsale secondaire.
La fracture du col fémoral est la complication la plus redoutable de l'ostéoporose. Dans la majorité des cas, le patient n'a fait qu'une simple chute de sa hauteur. L'hospitalisation, et dans la plus part des cas une intervention chirurgicale, sont rendues nécessaires. S'agissant de personnes âgées, les complications sont fréquentes. La mortalité peut atteindre 20% dans les mois qui suivent la fracture et la rééducation ne parvient pas toujours à éviter une perte d'autonomie plus ou moins importante.
Les
complications fracturaires de l'ostéoporose sont ainsi à l'origine
-
d'une importante morbidité,
-
d'une majoration de la mortalité,
- d'une perte partielle ou totale de l'autonomie
- et d'une altération de la qualité de vie.
Quelle est la place de l'ostéodensitométrie ?
La mesure de la densité minérale osseuse (dmo) par absorptiométrie biphotonique aux rayons X, communément appelée DEXA (Dual Energy X ray Absorptiometry) dans la littérature anglo-saxonne, est unanimement admise comme étant la méthode de référence. Ses principaux avantages sont l'excellente reproductibilité (1%), la faible irradiation générée et la courte durée de l'examen. Elle offre en outre la possibilité de mesurer plusieurs sites, ou même le corps entier. Classiquement, les mesures se font au niveau du rachis lombaire et à l'extrémité supérieure du fémur.
Des examens
pratiqués chez des sujets normaux ont permis d'établir des courbes de valeurs
moyennes normales en fonction de l'âge et du sexe. Ils ont ainsi permis de définir des limites de confiance à
95% de ces mesures correspondant à 2 écarts types de part et d'autre des
valeurs moyennes. Chaque population
étudiée doit disposer de sa propre courbe de référence.
L'interprétation
d'une valeur de DMO (exprimée en gramme/cm2) peut se faire de deux
manières.
-
En la comparant à la valeur moyenne
normale des sujets du même âge, la différence étant exprimée par le nombre
d'écart type entre les deux valeurs : c'est le Z
score.
-
En la comparant à la valeur moyenne
d'un adulte jeune (ce qui correspond au capital osseux maximal acquis à 30
ans). Ceci offre l'avantage,
lorsqu'on répète les mesures au fil des années, de se référer à une valeur
fixe: c'est le T
score.
Classification
densitométrique de l'ostéoporose
(OMS 1994)
Diagnostic |
T Score |
|
|
|
|
Os normal |
¦
-1 DS |
|
Ostéopénie |
-1
à -2.5 DS |
|
Ostéoporose |
¦
-2.5 DS |
|
Ostéoporose sévère (avérée) |
¦
-2.5 DS avec Fracture |
En règle générale, une mesure de la densité osseuse se justifie pour confirmer le diagnostic d'ostéoporose ou lorsque les résultats attendus sont susceptibles d'influencer une décision thérapeutique
Quand prescrire une
Ostéodensitométrie ?
1.
Pour confirmer l'ostéoporose dans un contexte évocateur:
-
Découverte d'une anomalie
radiologique évocatrice: hypertransparence
ou déformation des corps vertébraux ou de toute fracture sans traumatisme évident.
-
Devant une pathologie
pouvant être à l'origine d'une ostéoporose secondaire: endocrinopathie (hyperparathyroïdie,
corticothérapie orale >7.5 mg/j et/ou > 6 mois...), affections
digestives (malabsorption, hépatopathie…), rhumatismes inflammatoires,
insuffisance rénale, transplantation d'organes…
2. Pour apprécier le risque
fracturaire d'une femme à la ménopause,
-
Si l'instauration d'un
traitement hormonal substitutif est conditionnée par le risque d'ostéoporose,
-
S'il existe des facteurs
de risque d'ostéoporose ou
-
Si l'hormonothérapie
substitutive est contre indiquée et qu'un autre traitement se discute.
La tomodensitométrie
quantitative est une autre technique de mesure de la DMO.
Elle a certes l'avantage de donner une mesure "réelle" de
densité (gramme/cm3) avec la possibilité de distinguer l'os trabéculaire
et l'os cortical. On reproche
cependant à cette technique coûteuse, utilisant un matériel relativement
lourd, une plus grande irradiation et surtout une moins bonne reproductibilité
gênante pour le suivi des malades. Sa
place reste, de ce fait, limitée.
Les méthodes ultrasonores,
de développement récent, mesurent notamment l'atténuation des ondes en
traversant le Calcanéum. Les résultats
obtenus sont bien corrélés avec ceux de la technique de référence (DEXA).
Ces appareillages non irradiants, peu encombrants et moins onéreux présentent
l'inconvénient de produire des résultats peu reproductibles et de ne pas
disposer de courbe de normalité. Ces
techniques pourraient à l'avenir servir de moyen de dépistage et de sélection
des sujets chez lesquels des examens quantitatifs plus approfondis (dexa)
sont nécessaires.
Quelles sont les autres
explorations utiles ?
Devant un
tableau d'ostéoporose, certains examens
biologiques doivent être systématiquement réalisés afin d'écarter
d'autres affections osseuses.
Dans l'ostéoporose,
contrairement à d'autres ostéopathies métaboliques (ex: hyperparathyroïdie,
ostéomalacie…), le métabolisme phospho-calcique (calcémie, phosphorémie et
dosage des phosphatases alcalines) n'est habituellement pas perturbé.
Les dosages des marqueurs spécifiques du remodelage osseux, tels que l'ostéocalcine
ou les pyridinolines, ne sont pas demandés en routine et ne présentent pas un
grand intérêt pratique.
La vitesse
de sédimentation est toujours normale, de même que la créatininémie, l'électrophorèse
des protides et la protéinurie. Ceci permet d'éliminer une ostéodystrophie rénale et toute
ostéoporose secondaire à une affection maligne (métastases osseuses, myélome,
autres hémopathies…)..
L'apport des radiographies
standard est lié à la qualité des clichés.
L'hypertransparence osseuse radiologique ne peut être visible qu'après
une baisse de la densité osseuse de plus de 30%, ce qui en fait un moyen de détection
peu sensible.
Elles permettent de visualiser les fractures et les
tassement vertébraux. Elles
apportent également des arguments diagnostiques permettant d'éliminer d'autres
maladies et notamment les ostéopathies malignes.
Quelles sont les
principales causes d'ostéoporose secondaire ?
L'ostéoporose
primitive d'involution (post ménopausique
et sénile) est de loin la plus fréquente
et doit être distinguée de l'ostéoporose secondaire.
Cette dernière peut se voir au cours de situations diverses, parmi
lesquelles on compte:
L'ostéoporose cortico-induite
représente la principale cause d'ostéoporose secondaire.
Elle peut se voir dans le cadre de la maladie de Cushing, mais est le
plus souvent d'origine iatrogène. Elle
constitue l'une des complications majeures de la corticothérapie prolongée.
L'effet sur l'os est dose dépendant et devient prononcé aux doses
journalières supérieures à 7.5 mg de Prednisone. La perte osseuse est particulièrement importante durant les
premiers mois de la corticothérapie. Les
corticoïdes inhalés sont également nocifs pour l'os.
Les corticoïdes
agissent par une diminution de l'absorption intestinale et de la réabsorption
tubulaire du calcium, ainsi qu'en ralentissant l'activité ostéoblastique.
L'évolution
spontanée est sévère et ne se stabilise qu'à l'arrêt de la corticothérapie
où après l'exérèse chirurgicale de la tumeur en cas de maladie de Cushing.
L'ostéoporose
cortisonique ne se répare que partiellement, si bien qu'on recommande de plus
en plus l'instauration d'un traitement préventif par les bisphosphonates dés
la mise en route des corticoïdes au long cours.
L'hypogonadisme:
l'absence de sécrétion d'hormones sexuelles entraîne une diminution de la
formation osseuse. Un hypogonadisme
latent est souvent découvert lors de l’exploration d’une ostéoporose
masculine.
L'hyperparathyroïdie
primaire est secondaire à un adénome parathyroïdien, qui accélère le
remodelage osseux. Elle se
complique de fragilisation osseuse.
Les états d'hyperthyroïdie
prolongée accélèrent également le remodelage osseux et s'accompagnent d'une
ostéoporose d'évolution parfois très sévère, que seul le traitement de
l'hyperthyroïdie peut guérir.
Certaines maladies
digestives se compliquent classiquement d'ostéomalacie, mais la
survenue d'une ostéoporose n'est pas exceptionnelle en raison d'une certaine
carence chronique en calcium. Les affections responsables sont diverses, comme les séquelles
de gastrectomie ou de résection intestinale, les entérocolopathies chroniques
et autres syndromes de malabsorption, la Cirrhose biliaire, les pancréatites
chroniques…
Qui est à risque de développer
une ostéoporose ?
Certains éléments
sont considérés comme des facteurs de risque de développer une ostéoporose:
-
Ménopause précoce avant l'âge de
45 ans;
-
Survenue à l'âge adulte d'une
fracture témoin d'une fragilité osseuse accrue (en particulier les fractures
du poignet., du fait du leur fréquence);
-
Des antécédents d'ostéoporose chez
un parent du 1er degré;
-
Poids trop faible pour la taille
(faible index de masse corporelle);
-
Alimentation pauvre en calcium;
-
Absence d'activité physique;
-
Tabagisme;
-
Alcoolisme;
-
Corticothérapie prolongée;
-
Autres prises médicamenteuses
(psychotropes)
-
Autres pathologies (hyperparathyroïdie,
hyperthyroïdie, gastrectomie, maladies inflammatoires chroniques de l'intestin,
rhumatismes inflammatoires chroniques, démences, transplantation d'organes…).
Comment prévenir l'ostéoporose?
Les
principaux facteurs susceptibles de prévenir l'ostéoporose sont :
-
L'utilisation plus large de
l'hormonothérapie substitutive chez la femme ménopausée à chaque fois que
cela est possible.
-
Certaines mesures hygiéno-diététiques.
L'hormonothérapie substitutive :
Le
traitement œstro-progestatif (ou œstrogènes seuls en cas d'hystérectomie)
est le meilleur frein de la perte osseuse (trabéculaire et corticale) à la ménopause.
Plusieurs études ont démontré l'efficacité du traitement hormonal
substitutif (THS) dans la réduction de l'incidence des fractures ostéoporotiques.
En
l'absence d'effet rémanent (la perte osseuse reprenant dés l'arrêt du
traitement), il paraît nécessaire de prolonger le THS plus de cinq ans, voire
plus de dix ans selon les cas.
Outre leur
action ostéotrope, les œstrogènes réduisent le risque de maladies
cardio-vasculaires et pallient à plusieurs inconvénients de la ménopause
(bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, troubles sphinctériens, troubles
cognitifs…)
Le THS ne
doit être démarré qu'une fois la ménopause confirmée et après un bilan préthérapeutique
soigneux. Sous THS, un contrôle
gynécologique et mammaire annuel est indispensable.
Ses contre-indications, notamment les cancers œstrogèno-dépendants évolutifs, sont actuellement bien connues. Au cours des dernières années, leur nombre tend à se réduire. Certaines situations imposent une discussion au cas par cas en collaboration avec le médecin spécialiste. Le consentement éclairé des malades sera systématiquement demandé.
Contre-indications
absolues
au traitement
hormonal substitutif
- Cancer du sein évolutif ou antécédent de
cancer du sein traité
- Cancer de l'endomètre
- Maladie thrombo-embolique évolutive ou récente (< 5 ans)
- Trouble du rythme cardiaque*
- Valvulopathies mitrales ou aortiques*
- Infarctus du myocarde récent (< 6 mois)
- Accident vasculaire cérébral
- Lupus systémique
- Tumeurs hypophysaires
- Certaines atteintes hépatiques et les méningiomes.
* Discuter avec le spécialiste.
Une
nouvelle classe thérapeutique, les modulateurs sélectifs des récepteurs aux
œstrogènes (SERM's: Selective Estrogen
Receptor Modulators), constitue dans certaines situations une alternative
intéressante au THS.
Les mesures hygiéno-diététiques :
Les exercices
physiques pourraient améliorer la résistance de l'os aux
contraintes mais ils ne suffisent certainement pas, à eux seuls, à prévenir
la perte osseuse de la ménopause. Tout
en tenant compte de l'âge, des capacités physiques et des éventuelles tares
de chaque individu, on recommande une activité physique régulière.
Des séances de marche quotidiennes de 30 à 60 minutes constituent une
mesure appropriée.
Des
programmes rééducatifs, orientés essentiellement vers le renforcement des
groupes musculaires dont l'insertion est proche des principaux sites
fracturaires, sont vivement conseillés.
La ration
calcique journalière d'un adulte doit atteindre 750 à 1000 mg. Chez l'adolescent et la femme ménopausée, cet apport doit
être de l'ordre de 1 à 1.5 g. Si
l'apport alimentaire s'avère insuffisant, un complément médicamenteux doit être
assuré.
Une supplémentation
quotidienne modérée en vitamine
D (400 à 800 ui) est également nécessaire, surtout en cas d'insuffisance
d'exposition solaire.
L'alcoolisme et
le tabagisme
doivent être évités du fait de leurs effets délétères sur l'os.
Teneur
des produits laitiers en calcium
300 mg de calcium
sont
apportés par chacune des rations suivantes:
- 1/4
de litre de lait
- 2
yaourts
- 40g de fromage à pâte ferme
- 10
petits suisses
Comment traiter l'ostéoporose
?
En dehors
des règles hygiéno-diététiques et des exercices physiques, qui restent
valables quelle que soit la forme et le stade évolutif de l'ostéoporose,
d'autres moyens thérapeutiques sont disponibles.
Actuellement
l'ostéoporose constituée, qu'elle soit fracturaire ou pas, justifie d'un
traitement curatif, principalement basé sur les Bisphosphonates.
Ces
puissants agents anti-ostéoclastiques, d'origine synthétique, constituent une
grande avancée thérapeutique. Ils sont les seuls à
avoir prouvé leur efficacité dans l'ostéoporose
constituée par une augmentation de la masse osseuse et une diminution de
l'incidence des fractures.
Les
bisphosphonates sont également indiqués en cas d'ostéoporose cortisonique
avérée ou en préventif en cas de corticothérapie prescrite pendant plus de 3
mois à une dose supérieure à 7.5 mg/j.
Le seul
produit, actuellement disponible en Tunisie est l'Etidronate. Il doit être prescrit de manière séquentielle (pendant des
périodes de 2 semaines) en alternance avec un traitement vitamino-calcique
quotidien (pendant les 10 semaines suivantes).
Ces cycles de 3 mois (12 semaines) sont répétées pendant une durée
moyenne de 2 ans.
En cas de
traitement prolongé par l'Etidronate, l'absence d'association d'un apport
vitamino-calcique expose à un risque d'ostéomalacie.
De nouveaux
bisphosphonates, plus prometteurs, sont déjà commercialisés dans d'autres
pays (tel que l'Alendronate) et d'autres sont encore en cours de développement.
Le Fluor
est de moins en moins prescrit. Bien
qu'il soit capable de stimuler la formation d'os trabéculaire, il n'a jamais été
prouvé qu'il pouvait diminuer l'incidence des fractures.
Parmi ses effets indésirables, on compte le risque d'ostéomalacie et de
survenue de microfractures. Son
utilisation est de plus en plus limitée.
La
Calcitonine est une hormone naturelle anti-ostéoclastique. Elle est également
dotée d'une activité antalgique particulièrement utile, qui fait d'elle l'un
des meilleurs traitements symptomatiques de la phase précoce suivant un
tassement vertébral récent.